Le symbole de l’infini ou Lemniscate

Connue depuis l’Antiquité grecque, la personne qui a introduit la forme actuelle du symbole de l’infini en 1655 est le mathématicien anglais John Wallis. Selon cette théorie, Wallis aurait fait dévier le signe de l’oméga, la dernière lettre de l’alphabet grec. Cette forme a été rapprochée de celles de la lemniscate de Bernoulli, Gerono, Booth, du ruban de Möbius, ou encore des ovales de Cassini.

Les ovales de Giovanni Domenico Cassini

Selon une autre théorie, c’est le symbole évolué à partir de la forme étrusque du nombre mille.

Forme étrusque du nombre mille

À travers les âges et dans diverses cultures, il a été utilisé pour représenter différents concepts et idées. Également connu sous le nom de lemniscate. En géométrie algébrique, une lemniscate est l’une des nombreuses courbes en forme de huit. Le mot vient du latin « lemniscatus » qui signifie « décoré » de rubans, du grec qui signifie « rubans », ou qui peut également faire référence à la laine dans laquelle les rubans sont fabriqués. Il porte toute la symbolique du chiffre huit, huit pétales du lotus, les huit bras du Dieu Shiva, les huit sentiers du Tao, les huit portes du temple de Jérusalem, etc.

En Inde et au Tibet, le symbole représente la perfection et l’équilibre entre le sexe masculin et le sexe féminin – l’idée d’union sexuelle où deux devient un. Comme les cercles ou les boucles du lemniscate sont côte à côte, le signe implique l’égalité entre ces forces opposées (inspiration et expiration, jour et nuit, obscurité et lumière), le point de jonction au centre étant le point de convergence. Le symbole du huit couché ou debout peut également représenter la plénitude, l’achèvement, l’éternité et le mouvement constant.

Cette énergie vitale qui vibre au cœur même de nos cellules jusqu’aux étoiles s’appelle aussi selon la culture asiatique le Chi ou le Prana.

Ce mouvement ininterrompu du vivant, enseigne qu’à chaque instant les éléments et les phénomènes meurent et renaissent sous une autre forme. Les éléments se combinent dans un éternel recommencement.

Le signe peut être dessiné en un mouvement continu, en faisant un mouvement de balancier de boucles dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens inverse. Dessiner ou danser le lemniscate active et intègre les hémisphères gauche et droit du cerveau. Pythagore le considérait comme le symbole de l’harmonie.

La spirale

Warna Jukurrpa (Snake Dreaming), Risharna Nakamarra

La spirale est l’un des plus anciens symboles de l’humanité et représente la vie, la croissance et la transformation. Elle est également présente dans la nature, on la voit sur des êtres vivants tels que les escargots et les coquillages, et se retrouve dans des phénomènes naturels tels que les tourbillons, les ouragans, les tornades et la rotation des galaxies. C’est là que nous retrouvons le nombre d’OR, ou la proportion divine, que l’on va retrouver en architecture ou pour la fabrication d’objets.

On retrouve des images de la spirale depuis l’âge de pierre, sur des gravures rupestres.

La spirale nous relie à notre centre, à notre “hara” ! Les aborigènes pensaient avec leur ventre, là ou s’enroule le cordon du grand serpent arc-en-ciel.

Nous retrouvons la forme de la spirale dans de nombreuses danses anciennes à travers le monde. Image schématique de l’univers en évolution, la spirale met en évidence la relation du cercle avec son centre. Lorsque nous dansons en faisant des spirales, ce motif représente le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. La pratique des derviches tourneurs est la forme ultime de la méditation en spirale.

Sources : Dance to re-connect, Nanni Kloke (traduction personnelle), La danse Sacrée, Maria-Gabrielle Wosien.

Le Hara et la danse

Le hara et la danse
Horyuji-Kura, Bodhisattva

Le Hara est un concept d’origine japonaise. Par Hara, les Japonais entendent le fait de posséder un « état d’être » qui implique l’homme entier. Sans l’acquisition de ce centre, il n’est pas possible de devenir un homme complet en déplaçant son centre de gravité de façon non physiologique. Car l’homme Occidental doit faire attention à ne pas sombrer dans une spiritualité idéaliste et vide de substance ; aussi doit-il reprendre racine dans son centre originel, dans le Hara.

Le Hara est le « pivot indispensable » autour duquel tout doit tourner. C’est pourquoi il est impossible de trouver son centre intérieur sans avoir trouvé le centre de son corps. La seule chose qui importe est de comprendre et d’admettre que le ventre est le centre de gravité.

L’homme doit déplacer son centre de gravité du haut vers le bas. Au lieu de mettre l’accent sur la tête et la poitrine, tout en reniant et en dominant le bas-ventre et la région du bassin. Pour cela, l’homme doit retrouver le lien avec la Terre. C’est là le sens de la pratique du Hara qui libère l’homme du joug de son Moi.

Le fait de trouver son centre vital est en soi une véritable expérience à travers laquelle l’homme s’ouvre aux forces profondes qu’il perçoit désormais consciemment. Lorsque l’homme s’ouvre : qu’il se lâche au lieu de s’accrocher : qu’il désire servir au lieu de vouloir posséder, alors il est sur le point de devenir un homme « complet ».

Une fois solidement ancré dans le Hara, l’homme voit se développer tout naturellement en lui la forme correspondant à son Être essentiel. Celui qui grâce au Hara, a pris conscience de ses racines se caractérise par une attitude naturelle et libre qui trahit ce qu’il est, ni plus ni moins, et c’est en cela que réside sa beauté humaine spécifique.

Au fur et à mesure que l’homme s’enracine dans le Hara, il sent naître en lui une force qui n’est pas celle que l’on a, mais celle sur laquelle tout notre être repose, celle que l’on est manifestement au fond de son être. La Hara libère cette force venant de l’Être, qui fait disparaître la peur et donne la confiance, mais il ouvre aussi l’homme à une autre lumière et à la perception d’un sens plus profond.

Il n’y a pas de voie légitime qui mène vers le Ciel sans enracinement dans la Terre. C’est le centre de gravité qui nous permet de trouver notre équilibre en Terre et Ciel, dans la vie, comme dans la danse.

Ainsi, toute danse commence par le centrage dans le Hara que j’appelle le point zéro, et de là, laisser naître le mouvement de l’intérieur qui est fondamental pour rencontrer notre Être dans la danse. C’est à partir du Hara, qui est également le centre instinctif du mouvement, que le geste authentique peut naître. Un geste qui ne vient pas du mental mais de nos entrailles, de la force de vie qui nous traverse. C’est comme revenir à la maison. Toute l’énergie dispersée et non canalisée peut désormais trouver un point d’ancrage. C’est ce chemin-là qui le le vrai chemin initiatique dans la danse : descendre dans nos entrailles pour ensuite s’élever vers les cimes de notre Être.

Extraits de « Hara, centre vital de l’homme » de K.G. Dürckheim et de « La danse de l’Être de Fabienne Courmont

Le Cercle

Le cercle est peut-être le symbole géométrique le plus répandu, dont la forme rappelle celle du Soleil et de la Lune. On dit que le légendaire temple d’Apollon chez les Hyper-boréens avait la forme d’un cercle, ce qui rappelle le sanctuaire de Stonehenge. Le cercle ne connait ni début, ni fin, ni direction, ni orientation. D’après les philosophes platoniciens et néoplatoniciens, le cercle représente la forme parfaite par excellence. Les systèmes mystiques représentent souvent Dieu comme un cercle dont le centre se trouve partout, la circonférence nulle part. Le cercle représente l’achèvement des cycles, la transition, un mouvement sans fin vers la réalisation de soi.
On peut voir des cercles concentriques se former lorsque l’on jette un objet dans l’eau. Cette expérience universelle s’est exprimée dans les rites et les rondes dansées qui peuplent les traditions sacrées de l’humanité.
Le centre du cercle est le symbole de l’énergie créatrice, qui se déverse sans cesse dans l’ici et le maintenant. Ce centre correspond, dans les danses, à la réalité nourricière du Divin, qui est également accessible à tous. Le voyage autour ou vers le centre unit tout l’espace en un point singulier. Tourner autour de ce centre conduit à terme à une transformation intérieure, à un renouvellement de l’être humain dans son ensemble.
Le cercle est un ensemble où chacun a sa place. C’est un merveilleux symbole pour expérimenter l’esprit de communauté.

Sources :
Encyclopédie des symboles / La Pochothèque
Dance to re-connect, Nanni Kloke / Academy for Movement & Awareness (traduction personnelle)
La Danse Sacrée : Rencontre avec les dieux, Maria-Gabriele Wosien / Seuil
Prayer and Celebration Dances : Symbols in Movement, Maria-Gabriele Wosien