Le Hara et la danse

Le hara et la danse
Horyuji-Kura, Bodhisattva

Le Hara est un concept d’origine japonaise. Par Hara, les Japonais entendent le fait de posséder un « état d’être » qui implique l’homme entier. Sans l’acquisition de ce centre, il n’est pas possible de devenir un homme complet en déplaçant son centre de gravité de façon non physiologique. Car l’homme Occidental doit faire attention à ne pas sombrer dans une spiritualité idéaliste et vide de substance ; aussi doit-il reprendre racine dans son centre originel, dans le Hara.

Le Hara est le « pivot indispensable » autour duquel tout doit tourner. C’est pourquoi il est impossible de trouver son centre intérieur sans avoir trouvé le centre de son corps. La seule chose qui importe est de comprendre et d’admettre que le ventre est le centre de gravité.

L’homme doit déplacer son centre de gravité du haut vers le bas. Au lieu de mettre l’accent sur la tête et la poitrine, tout en reniant et en dominant le bas-ventre et la région du bassin. Pour cela, l’homme doit retrouver le lien avec la Terre. C’est là le sens de la pratique du Hara qui libère l’homme du joug de son Moi.

Le fait de trouver son centre vital est en soi une véritable expérience à travers laquelle l’homme s’ouvre aux forces profondes qu’il perçoit désormais consciemment. Lorsque l’homme s’ouvre : qu’il se lâche au lieu de s’accrocher : qu’il désire servir au lieu de vouloir posséder, alors il est sur le point de devenir un homme « complet ».

Une fois solidement ancré dans le Hara, l’homme voit se développer tout naturellement en lui la forme correspondant à son Être essentiel. Celui qui grâce au Hara, a pris conscience de ses racines se caractérise par une attitude naturelle et libre qui trahit ce qu’il est, ni plus ni moins, et c’est en cela que réside sa beauté humaine spécifique.

Au fur et à mesure que l’homme s’enracine dans le Hara, il sent naître en lui une force qui n’est pas celle que l’on a, mais celle sur laquelle tout notre être repose, celle que l’on est manifestement au fond de son être. La Hara libère cette force venant de l’Être, qui fait disparaître la peur et donne la confiance, mais il ouvre aussi l’homme à une autre lumière et à la perception d’un sens plus profond.

Il n’y a pas de voie légitime qui mène vers le Ciel sans enracinement dans la Terre. C’est le centre de gravité qui nous permet de trouver notre équilibre en Terre et Ciel, dans la vie, comme dans la danse.

Ainsi, toute danse commence par le centrage dans le Hara que j’appelle le point zéro, et de là, laisser naître le mouvement de l’intérieur qui est fondamental pour rencontrer notre Être dans la danse. C’est à partir du Hara, qui est également le centre instinctif du mouvement, que le geste authentique peut naître. Un geste qui ne vient pas du mental mais de nos entrailles, de la force de vie qui nous traverse. C’est comme revenir à la maison. Toute l’énergie dispersée et non canalisée peut désormais trouver un point d’ancrage. C’est ce chemin-là qui le le vrai chemin initiatique dans la danse : descendre dans nos entrailles pour ensuite s’élever vers les cimes de notre Être.

Extraits de « Hara, centre vital de l’homme » de K.G. Dürckheim et de « La danse de l’Être de Fabienne Courmont

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